Publié le 24 Janvier 2024
Les pompiers, héros de l'ombre, sont exposés à des risques professionnels graves, notamment à des agents cancérigènes tels que les suies et l'amiante. Bien que leur risque accru de cancer soit reconnu, les actions de prévention tardent à se concrétiser. Pour inciter l'État à réagir, la CGT des pompiers a déposé une plainte. En France, 250 000 sapeurs-pompiers, dont 80 % sont volontaires, risquent leur santé chaque jour. Les chiffres de décès annuels dus à des maladies professionnelles sont méconnus, bien que cancers, maladies cardio-vasculaires et infarctus soient fréquents.
Le nombre croissant de mégafeux auxquels les pompiers sont confrontés met en lumière la nécessité de prévenir les maladies professionnelles. Le 1er décembre dernier, la CGT des pompiers a déposé une plainte pour mise en danger de la vie d'autrui au tribunal de Paris. Cette action est soutenue par d'autres syndicats de pompiers professionnels. Les plaintes dénoncent les manquements de l'État à protéger les pompiers : équipements insuffisants, protocoles de nettoyage et de décontamination ignorés, suivi médical inexistant, etc. Les pompiers professionnels sont des fonctionnaires territoriaux employés par les services départementaux d'incendie et de secours (SDIS). Bien que sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, les responsabilités sont éparpillées, compliquant la recherche des coupables en cas de manquements à la sécurité.
Une étude du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'OMS a révélé que l'activité de sapeur-pompier était potentiellement cancérigène. Les risques de mésothéliome et de cancer de la vessie sont particulièrement élevés chez les pompiers, avec un risque de mésothéliome 58 % plus élevé que pour la population générale et un risque de cancer de la vessie 16 % plus élevé. D'autres cancers, notamment du côlon, de la prostate, du testicule, le mélanome et le lymphome non hodgkinien, sont également liés à leur exposition professionnelle. Outre les cancers, les pompiers sont exposés à des substances toxiques lors des incendies et particulièrement l'amiante.
Malheureusement, le suivi médical après de telles expositions est insuffisant, et les tenues contaminées par l'amiante sont souvent réutilisées. Les suies, présentes dans tous types d'incendies, pénètrent la peau et sont un autre facteur de risque. Les tenues de protection des pompiers ne filtrent pas ces particules. Les syndicats dénoncent donc le manque de suivi médical continu pour les pompiers, ainsi que l'inertie concernant la mise en œuvre de mesures de prévention. Une enquête préliminaire sera menée à la suite de la plainte déposée et les syndicats pourraient se constituer partie civile pour identifier les responsables des manquements à la sécurité des pompiers. La CGT et d'autres syndicats espèrent que cette action provoquera l’électrochoc nécessaire pour améliorer les conditions de travail et de santé de ces professionnels courageux et irremplaçables.