Publié le 18 Octobre 2024
Le secteur de la rénovation énergétique en France montre des signes clairs de croissance, poussé par des directives réglementaires strictes et des encouragements du gouvernement. Cependant, le chemin vers une transformation totale est encore semé d'embûches que les acteurs du marché doivent surmonter pour exploiter pleinement cette vague de demande.
Vincent Desruelles, expert chez Xerfi, indique que, même si les rénovations esthétiques constituent toujours la majorité des projets, la rénovation énergétique se démarque comme le segment le plus dynamique et le plus prometteur. Le bâtiment en France demeure un grand consommateur d'énergie et un contributeur important aux émissions de gaz à effet de serre, avec environ 44% de la consommation énergétique nationale et 25% des émissions.
La Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) de la France vise à réduire ces chiffres en améliorant l'efficacité énergétique des infrastructures existantes. Les objectifs fixés, ambitieux, nécessitent un décuplement du nombre de rénovations performantes pour obtenir des classifications énergétiques A ou B.
Pour stimuler la rénovation énergétique, l'État propose des incitations, telles que MaPrimeRénov’, des primes liées aux certificats d’économie d’énergie (CEE) et des prêts à taux zéro. Ces mesures visent à rendre les rénovations plus abordables pour les propriétaires, avec un budget alloué à MaPrimeRénov’ de 2,45 milliards d’euros en 2023.
Le coût élevé des rénovations demeure cependant un frein. Malgré les aides, le reste à payer pour les ménages reste souvent conséquent. Le secteur souffre de plus d'un manque de main-d’œuvre qualifiée, pourtant cruciale pour répondre à la demande croissante du marché.
Pour surmonter ces défis, le secteur explore des innovations financières, telles que le financement tiers et les contrats de performance énergétique, qui permettent de financer les travaux via les économies d’énergie futures. Des initiatives comme le programme « Objectif RGE » de Saint-Gobain aident en outre les artisans à acquérir les qualifications nécessaires pour réaliser ces travaux subventionnés.
Desruelles prévoit que le marché de la rénovation énergétique atteindra 145 milliards d’euros d'ici à 2026, avec une croissance annuelle modeste. Les copropriétés représentent un segment particulièrement prometteur, stimulé par les exigences réglementaires imminentes pour des audits énergétiques.
Malgré les obstacles, le marché de la rénovation énergétique en France offre des opportunités significatives aux propriétaires prêts à innover et à s'adapter. L'adoption de pratiques durables et économiquement viables sera essentielle pour atteindre les objectifs de réduction des émissions et pour le développement durable du secteur.